Le Tortillard
Le Tortillard
Le village fut desservi de 1889 à 1949 par la ligne de chemin de fer secondaire à voie métrique reliant Albert à Ham.des chemins de fer départementaux de la Somme.
Venant d'Albert, il avait une partie commune avec la ligne de Montdidier dont il se séparait à la gare de Fricourt. Arrivant à Péronne, la ligne desservait les arrêts de Le Quinconce, du Faubourg de Bretagne et la gare de Péronne-Flamicourt où un dépôt atelier avait été aménagé.La ligne poursuivait par Mesnil-Bruntel, Mons en Chaussée,Athies, traversant l'Omignon pour continuer vers Dévise, Monchy-Lagache, Flez-Douvieux, Quivières, , Croix Moligneaux, Matigny, Offoy, Canisy et enfin la gare de Ham, où l'on trouvait des correspondances pour Saint-Quentin, Noyon, Amiens et Laon.
Le tortillard transportait autant les marchandises que les voyageurs, et approvisionnait les sucreries et râperies de betteraves, et transportait les pulpes, ainsi que ce qui était nécessaire à la fabrication du sucre, charbon, craie... Les voies furent démontées sous l'occupation allemande lors de la Première Guerre mondiale, et reconstruites lors de l'Entre-deux-guerres. La desserte était assurée par des trains à vapeur, puis, à compter de 1945, par des autorails.
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Chroniques Hamoises
La mort du « Tortillard »
Depuis samedi soir (31 Décembre 1949), le trafic voyageurs et marchandises est officiellement terminé sur la ligne Albert-Péronne et Ham , Toutefois quelques trains circuleront encore ces jours-ci pour rassembler tout le matériel, soit à Albert, soit au dépôt de Péronne,
La suppression du « Tortillard » a entraîné le suppression d'environ 80 agents, lisait-on dans le Courrier Picard du 4 Janvier . En effet, conformément aux décisions prises, le Conseil Général de la Somme, cette ligne est abandonnée, C'est le début d'une longue série de déclassements qui vont faire disparaître , en une dizaine d'années , le réseau des chemins de fer dits « économiques » encore représenté localement par les lignes de Ham à Saint-Quentin et de Ham à Noyon.
La ligne de Ham à Péronne, première victime de cette politique abandon des réseaux férrés secondaires était aussi la plus ancienne : sa mise en circulation remontait au 21 Octobre 1889. Malheureusement, ce petit train était venu au monde avec un gros handicap qu'il ne réussit jamais à bien surmonter : :il ignorait la ligne droite afin de desservir un maximum de villages ; ce qui en allongeait notablement le temps du voyage. On allait aussi vite en voiture à cheval. Ainsi, tant qu'il assurait le transport des betteraves pour les différentes sucreries et râperies disséminées sur son parcours, il coulait des jours heureux. Mais après la Grande Guerre, la disparition de ces dernières et le développement du transport routier ont mis son existence en péril, en créant un déficit d'exploitation à la charge du Conseil Général et donc, du contribuable.
La Gazette de Péronne du 27 août 1922 nous explique pourquoi ce train était baptisé du nom de « Tortillard ».
- Il y a trente-cinq ans, l'administration départementale décide la construction d'un chemin de fer à voie d'un mètre, destiné à desservir les régions comprises entre Ham et Albert.
- Toutes les communes situées à proximité de son rayon d'action firent démarches sur démarches avec l'espoir qu'elles seraient couronnées de succès et que la nouvelle voie traverserait leur terroir. Le brave petit chemin de fer fut bon prince : il accepta toutes les combinaisons, mais il arriva ceci : pour avoir voulu contenter tout le monde, il fit tant de détours, il décrivit tant de courbes que même dans les plaines fertiles de la région de Ham ;il est en contradiction avec l'axiome connu : le plus court chemin d'un point à un autre est la ligne droite. De là le surnom qui lui a été donne de « tortillard » .
A cette époque, dans chaque sens, deux trains desservaient le parcours. Prenons celui de 7 h55 en gare de Ham. Après avoir suivi la ligne d'Amiens jusqu'au passage à niveau d'Eppeville, le train fait un premier arrêt à Canizy et mettra plus d'une heure pour gagner Athies par Offoy, Matigny, Croix, Quivières, Flez-Douvieux, Monchy et Devise. A Athies, il fait une superbe épingle à cheveux qui le ramène à hauteur de Devise, sur la rive opposée de l'Omignon, puis il gagne Péronne par Mons, Mesnil-Bruntel et Flamicourt. A l'arrivée, il est 9h35 (dans le meilleur des cas …... ) . 1h30 et treize arrêts pour faire un peu plus de 30 km( 23 km par la route), soit une moyenne de 20 km/h.
Dès 1931, le « Tortillard » est concurrencé par une ligne d'autobus privée. : départ de Ham à 6h45 arrivée à Péronne à 7h50, soit une demie heure de gagnée !!!.
Avec l'apparition de l'autorail, les progrès sont manifestes : le train de 6h43 amène son voyageur à Péronne pour 7h40, bien qu'ayant effectué deux arrêts de plus (Eppeville et Moligneaux).
A la disparition du Tortillard, en 1950, c'est la Société des Transports Automobiles de la Somme qui exécute ce service pour le compte de la Société Générale des Chemins de Fer Economiques. Le trajet Ham Péronne se fait alors en 1h15 avec seize arrêts.
A cette époque, on avait même le choix entre plusieurs lignes d'autobus. Aujourdh'ui, il faut avoir une automobile ou de bons amis ou rester chez soi.... ce qui remet d'actualité cette conclusion d'un journal de l'époque : « Le Tortillard » qui nous avait donné tant de motif de plaisanterie du temps de sa splendeur, est à peine disparu qu'il nous donne trop de sujets de le regretter.
Article signé J..P.M.
Article retrouvé dans le recueil réalisé par Mme Andrée GAUX (décédée depuis quelques années)